Secteur extractif : Perspectives africaines – Editorial
Les relations entre le secteur des industries extractives et le développement sont complexes et le plus souvent abordées par deux biais : celui de la gouvernance (ou la gestion) des ressources gazières, pétrolières et minières, et les liens entre le secteur extractif et le reste de l’économie.
La communauté internationale porte une attention grandissante à la gouvernance des ressources naturelles. Cela englobe des réglementations (par
exemple la loi U.S. Dodd Frank, directives de l’UE), des codes de bonne conduite et d’autres initiatives (telles que ITIE, le guide OCDE sur le devoir du diligence, la communication récente de l’UE sur les minerais du conflit), ainsi que les interventions des bailleurs de fonds et des institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale.
Cette préoccupation est essentielle puisque il n’y a pas de développement inclusif et durable sans une qualité de gouvernance et de gestion des ressources naturelles (et de leurs revenus) suffisante. Toutefois, la bonne gouvernance ne suffit pas à assurer une transformation structurelle inclusive au profit du développement. Trop souvent, les industries extractives restent un secteur enclavé, avec peu de considérations accordées aux interactions avec les autres secteurs et autres politiques.
C’est ce défi qui est prioritaire pour les gouvernements et régions en Afrique : comment mieux tirer parti du potentiel de développement du secteur extractif, non seulement par l’amélioration de sa gouvernance en général, mais surtout en développant et favorisant les synergies et liens de ce secteur avec les autres, afin qu’il contribue effectivement à une transformation économique inclusive et durable.
Le présent numéro de GREAT insights porte sur plusieurs questions clés et défis qui sont à l’ordre du jour, en mettant l’accent sur les perspectives continentales et sous régionales, ainsi que les actions concrètes relatives à la réalisation de ces objectifs.
Dans un entretien exclusif, la Commissaire Acyl de la Commission de l’Union africaine souligne la place essentielle du secteur extractif dans la transformation industrielle de l’Afrique ainsi que le rôle primordial de la CUA dans ce contexte. Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, Dr. Carlos Lopes, souligne le rôle transformateur que les ressources extractives peuvent jouer dans la reformulation du paysage économique en Afrique, à condition de prendre en compte les facteurs structurels clés.
Ce numéro jette aussi un coup de projecteur sur des initiatives nationales, notamment les cas du Libéria, de Madagascar et de la RDC, en portant une attention particulière aux réformes et autres initiatives qui soutiennent le processus de transformation, à l’établissement d’un dialogue durable, aux questions environnementales et aux défis relatifs à l’exploitation artisanale des mines. À l’échelle régionale, le rôle complémentaire de l’intégration régionale dans la transformation économique par le biais du secteur extractif est mis en avant. Et pour finir, le secteur privé apporte son point de vue sur la contribution de l’industrie extractive au développement, à travers le concept de la valeur partagée au profit des communautés.
Nous espérons que vous trouvez les articles éclairants, et nous vous invitons à nous faire suivre vos commentaires et suggestions.
Dr. San Bilal (Rédacteur) est Responsable du Programme sur la Transformation économique à l’ECDPM.
Isabelle Ramdoo (Rédactrice invitée) est Directrice adjointe du Programme sur la Transformation économique à l’ECDPM.
Cet article a été publié dans GREAT insights volume 3, numéro 7 (juillet/août 2014)