Pas une erreur, mais un système : le commerce informel transfrontalier en Afrique de l’Ouest

Poorva Karkare, Bruce Byiers, Philomena Apiko et Mounirou Kane d'ENDA CACID explorent les complexités du commerce transfrontalier informel en Afrique de l'Ouest, afin d'en tirer des implications pour les partenaires extérieurs et les décideurs politiques qui qui travaillent sur le commerce informel dans la région.

Cette page est également disponible en anglais.

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    Résumé

    Les échanges commerciaux intra-africains sont dans une large mesure informels, à petite échelle, transfrontaliers et non comptabilisés. L’importance du commerce informel transfrontalier (CIT) et de fait la nécessité d’en tenir compte dans les politiques publiques est de plus en plus reconnue, notamment en raison de la place prépondérante qu’y occupent les femmes. La dimension du CIT que les programmes d’appui extérieurs cherchent à traiter et les raisons qui les poussent à le faire ne sont, en revanche, pas très claires.

    Cette étude se penche sur le « problème » du CIT et la façon de le « traiter ». Au travers d’un examen des perspectives des commerçants, de l’État et des agents frontaliers, elle met en exergue les contextes complexes et les produits idiosyncrasiques du CIT ; il en ressort que le commerce informel tient moins de l’anomalie – comme le suggère la politique commerciale officielle – que d’une gamme de combinaisons possibles, qui sont les produits de l’interaction entre commerçants et agents frontaliers, dans le cadre d’un système plus large. Les aspects visibles du CIT qui semblent entraver la formalisation ne sont que la partie visible de l’iceberg, alors qu’une série de facteurs et de relations importants, mais sous la surface, conditionnent et perpétuent cette pratique.

    Notre conclusion est que les approches qui ciblent directement le CIT (sous l’angle du renforcement des capacités ou de la simplification des procédures complexes aux frontières, par exemple) peuvent, certes, infléchir dans une certaine mesure les dynamiques existantes, mais qu’elles ont peu de chances de modifier les incitations au commerce informel eu égard aux relations structurelles qui le sous-tendent. Le CIT étant conditionné par des facteurs contextuels spécifiques, il convient d’entrevoir des approches propres à chaque zone frontalière. Bien qu’elles s’inscrivent dans un horizon temporel plus long, des approches plus indirectes pourraient se concentrer sur la création d’alternatives économiques.

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