Acteurs et enjeux de la décentralisation et du développement local : Expériences d’une commune du Burkina Faso

La présente étude souhaite apporter une contribution à la compréhension des aspects institutionnels de la décentralisation. Basée sur la méthode de recherche – action, elle a eu lieu au Burkina Faso, en particulier dans la commune de Ziniaré, entre les mois d’octobre 1999 et février 2000.

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    La décentralisation est à l’ordre du jour dans beaucoup de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Pour la plupart des Etats et des agences de coopération, l’instauration d’un système de représentation proche des populations est sensée favoriser à la fois le développement local et la démocratisation.

    La présente étude souhaite apporter une contribution à la compréhension des aspects institutionnels de la décentralisation. Basée sur la méthode de recherche – action, elle a eu lieu au Burkina Faso, en particulier dans la commune de Ziniaré, entre les mois d’octobre 1999 et février 2000. Elle s’est
    focalisée sur les questions qui préoccupent les promoteurs des programmes de décentralisation (par exemple, dans quelle mesure la décentralisation facilite-t-elle une nouvelle division de rôles entre les différents acteurs du développement au niveau local ?) et sur les modes d’intervention des bailleurs de
    fonds en matière d’appui à la décentralisation et au développement local.

    Dans un premier temps, le rapport met en évidence le cadre juridique de la décentralisation au Burkina Faso. Un passage en revue des compétences attribuées aux communes témoigne de l’importance de la réforme institutionnelle en cours et des défis qu’il faudra relever pour traduire les principes réglementaires adoptés en actions sur l’ensemble du territoire national.

    Ensuite l’étude montre que les acteurs du développement à l’échelle locale sont très hétérogènes : le maire et les conseillers municipaux, les services déconcentrés de l’Etat, le gouvernement central, les composantes de la société civile (ONG locales, associations, organisations religieuses, organisations
    paysannes, chefs coutumiers) et les agences de coopération (agences bilatérales et multilatérales, ONG internationales). La description des missions qu’ils remplissent et des stratégies qu’ils mettent en oeuvre permet de rendre compte des contraintes et des potentialités des uns et des autres. Les rôles
    qu’ils jouent n’exigent pas les mêmes compétences. Ainsi ils bénéficient chacun d’une certaine légitimité. Dans ce contexte, les populations sont prises dans plusieurs cadres normatifs qu’elles utilisent de façon complémentaire en fonction de leurs objectifs. Par ailleurs, l’existence de multiples partenariats (informels) fait penser que la mise en place d’un cadre de concertation entre les divers intervenants renforcerait non seulement leurs capacités institutionnelles mais aussi la cohérence et la complémentarité des actions.

    L’analyse des modes d’intervention des agences de coopération en matière d’appui à la décentralisation au niveau national révèle une approche innovatrice qui pourrait servir d’exemple pour le soutien aux programmes sectoriels. Il s’agit de la démarche suivie par le Collectif des bailleurs de fonds de la Commission Nationale de la Décentralisation. Par contre, les pratiques à l’échelle communale (à travers les projets ou la coopération décentralisée) illustre une certaine dispersion d’initiatives liée notamment à l’absence de mécanisme de coordination et à la rigidité des procédures ; ce qui ne facilite pas l’appropriation des programmes par les acteurs locaux.

    L’étude se conclut par une série de propositions susceptibles d’améliorer l’efficacité des politiques de décentralisation et de développement local : renforcer les capacités des nouvelles structures institutionnelles ; assurer la cohérence et la complémentarité des initiatives ; assurer le suivi et évaluer l’effectivité des mesures adoptées au niveau national ; favoriser l’émergence de l’économie locale ; adapter les modes d’intervention des bailleurs de fonds (par une décentralisation de la coopération par exemple), etc. Dans le même ordre d’idées, des pistes pour la mise en oeuvre du nouvel Accord de partenariat entre l’Union européenne et les Etats ACP (l’Accord de Cotonou) sont énoncées.

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