La sécurité par l'intégration des marchés ? L'économie politique de l'adhésion de la RDC à la CAE
Bruce Byiers, Poorva Karkare, Frederick Golooba-Mutebi, Bossissi Nkuba et Christelle Balegamire Karuta reviennent sur l'admission de la RDC au sein de la CAE. Ils suggèrent que l’adhésion de la RDC est également un moyen pour la RDC de relever les défis économiques et sécuritaires et que les pays de la CAE voient l’adhésion de la RDC avant tout comme une opportunité commerciale.
Ce document est également disponible en anglais.
Alors que l’admission de la RDC dans la CAE est considérée comme un moyen de résoudre les problèmes économiques et sécuritaires internes, ces mêmes problèmes et leur lien avec l’insécurité régionale pourraient saper tout progrès à court et moyen terme en termes d’intégration économique complète et significative.
Résumé
L’admission de la République Démocratique du Congo (RDC) dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) promet une série d’avantages pour le pays et la région dans son intégralité, mais de nombreux défis devront d’abord être relevés. Ce document examine les acteurs et les facteurs qui, en RDC et dans les pays de la CAE, favorisent ou entravent l’intégration effective de l’économie de la RDC dans la CAE.
Nos résultats suggèrent qu’en plus de cimenter les liens historiques, culturels, économiques et sécuritaires avec ses voisins de l’Est, l’adhésion à la CAE est implicitement un moyen pour la RDC de relever les défis économiques et sécuritaires internes, en particulier à la lumière des élections présidentielles de décembre 2023. Les membres de la CAE discutent principalement de l’inclusion de la RDC comme d’une opportunité commerciale d’exporter et d’investir dans un grand “marché inexploité”. Les services bancaires et financiers kenyans devraient en bénéficier, tandis que le Rwanda et l’Ouganda devraient en tirer le plus grand profit en termes d’exportations de marchandises. Les commerçants transfrontaliers accueillent favorablement la suppression des visas et la libéralisation des échanges au-delà des accords existants. Cependant, de nombreuses entreprises de la RDC craignent un afflux de biens et de services en provenance des pays de la CAE qui les surpasseront.
La nature fragmentée des marchés de la RDC, l’environnement commercial complexe et l’insécurité dans l’est du pays feront qu’il sera difficile pour les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, de tirer parti du marché élargi. Alors que l’admission de la RDC dans la CAE est considérée comme un moyen de résoudre les problèmes économiques et sécuritaires internes, ces mêmes problèmes et leur lien avec l’insécurité régionale pourraient saper tout progrès à court et moyen terme en termes d’intégration économique complète et significative.