Cohérence et efficacité : Enjeux pour les relations ACP-UE en 2008

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    Les observateurs européens du développe- ment et de l’Afrique vous diront que 2007 aura été dominé par deux grands débats qui se sont agrégés en un seul à la fin de l’année, lors du Sommet UE-Afrique de Lisbonne. À l’origine, ce sommet devait sceller un accord final autour de la nouvelle Stratégie conjointe UE-Afrique, après maintes ébauches et négociations tout au long de l’année. C’est fina- lement l’autre débat, celui sur le commerce, qui a cristallisé les temps forts et les discours les plus musclés du sommet. Sans doute convient-il d’y voir le signe non intentionnel de l’avènement – espéré par les organisateurs du sommet – d’une nouvelle ère dans les relations afro-européennes, une ère marquée par des échanges de vue plus francs entre les dirigeants.

    Les échanges les plus vifs ont évidemment porté sur les Accords de partenariat écono- mique (APE), les propos africains trahissant à la fois l’inquiétude et le sentiment d’un passage en force de l’Europe. Mais en filigrane, on a également vu des dirigeants africains s’affirmer sur la scène internationale comme ils ne l’avaient plus fait depuis longtemps. Reconnaissons qu’ils ne manquent pas d’atouts dans leur jeu : l’intérêt croissant du reste du monde pour l’énergie et les ressour- ces naturelles de l’Afrique, l’entrée de la Chine dans le club des grands partenaires interna- tionaux, l’arrivée de nouveaux bailleurs qui sont hors du CAD de l’OCDE et qui mènent leurs affaires autrement, l’intérêt permanent du G8 pour les dossiers africains, l’intérêt désormais manifeste de la communauté internationale pour les institutions africaines renouvelées, sans oublier une croissance éco- nomique qui devrait atteindre 6% en 20071. Il reste bien entendu de nombreux problèmes à régler, mais depuis le dernier Sommet du Millénaire des Nations unies, voici sept ans, les perspectives de l’Afrique se sont nettement améliorées et les dirigeants africains peuvent plus facilement dire leurs quatre vérités à leurs homologues européens, même si ces derniers n’hésitent pas à leur rendre la monnaie de leur pièce. Au final, on se sou- viendra peut-être du Sommet de Lisbonne comme du moment où ces deux vieux voisins ont commencé à se considérer comme des partenaires, en accord sur certains points et en désaccord sur d’autres, ce qui ne les empêche pas de poursuivre ensemble des objectifs communs, sans verser dans le paternalisme démodé ni la déférence excessive.

    Avec la présence de plus de 70 Chefs d’État sur 80, le sommet UE-Afrique aura été une réussite sur le plan de la restauration des relations euro-africaines au plus haut niveau. Le monde politique bruxellois va devoir accepter cette réalité : les relations de continent à continent (comme ce fut le cas avec l’Asie et l’Amérique latine voici quelques années) vont désormais dominer les relations entre l’Union européenne et les pays en développement, et reléguer d’autres cadres traditionnels tels que les relations ACP-UE au second rang.

    Lire EnBref 20 (aussi disponible en anglais et en portugais)

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