Des moyens à la hauteur des priorités : Enjeux pour les relations Afrique-UE en 2017

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Le présent document tente de cerner les principaux débats attendus en 2017 et au-delà et d’en esquisser la toile de fond. Le but n’est pas tant d’en prédire l’issue que de les resituer dans le cadre des relations Afrique-UE à l’intention d’un éventail d’acteurs aussi large que possible.

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    Résumé

    Il se pourrait que 2016 marque le début d’un changement de cap dans les relations entre l’Afrique et l’Europe, confrontés à des défis majeurs qui rejaillissent sur leurs relations bilatérales. Des difficultés financières persistantes, la guerre en Syrie et en Irak et la menace terroriste à travers le monde poussent les deux continents à durcir le ton, à confiner leur politique étrangère à leurs propres intérêts et à ne plus chercher le compromis. L‘élection de Donald Trump en tant que 45ème président des États-Unis pourrait également modifier la donne géopolitique actuelle en reléguant l‘Union européenne (UE) et l‘Afrique en bout de table dans les grandes discussions planétaires.

    L‘Europe elle-même peine à trouver des réponses consistantes à ses multiples défis, au premier rang desquels la migration irrégulière et les déplacements forcés résultant des conflits et des crises prolongées dans son voisinage et au-delà. Ces crises et conflits ont conduit l’UE à revoir sa politique étrangère et brouillé les cartes entre sécurité intérieure et extérieure, au regard de la sécurité aux frontières et du terrorisme, notamment. Dans l‘ensemble, l‘UE se recentre plus explicitement sur ses intérêts. Pour preuve, le « principe de pragmatisme » qui sous-tend sa nouvelle stratégie globale dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité. Le tout – sur fond de crise existentielle – à la suite du referendum par lequel le RoyaumeUni a choisi de quitter l‘UE. Les populations européennes attendent de l’Europe qu’elle leur démontre sa valeur ajoutée, tandis que les regards se tournent avec inquiétude vers l‘élection présidentielle française et les élections générales en Allemagne et aux Pays-Bas en 2017, si elles devaient confirmer la montée de l’euroscepticisme et du populisme.

    L‘Afrique aussi doit relever des défis, elle qui est en proie aux conséquences de violents conflits, du fort taux de chômage chez les jeunes et de la migration. Dans ce contexte, l‘Union africaine (UA) cherche à consolider son profil d‘acteur crédible et autonome. À l’instar de l‘Europe, l‘Afrique doit honorer de nouveaux engagements internationaux, tels que les objectifs de développement durable (ODD) – également appelés « objectifs mondiaux » – ainsi que le programme d‘action d‘Addis-Abeba sur le financement du développement. Pour ce faire, elle aura besoin de nouveaux mécanismes de coopération alignés sur l’évolution de ses relations avec ses partenaires. Au demeurant, s’agissant des migrations, l‘Europe semble pour une fois avoir plus besoin de l‘Afrique que l‘inverse.

    L’année à venir offre diverses occasions d’adapter la politique et la pratique européennes et africaines à ces nouvelles priorités et à l’évolution du contexte et de compenser les lignes dures par une coopération plus pragmatique. La proposition de révision du Consensus européen pour le développement est l‘une de ces occasions. Le processus d‘évaluation à mi-parcours du Cadre financier pluriannuel (CFP) de l‘UE et des instruments de l‘action extérieure en est une autre. Les conclusions de ces examens nous donneront par ailleurs une idée des prochaines priorités budgétaires de l‘UE. Enfin, le cinquième sommet UE-Afrique est prévu pour novembre 2017 en Côte d‘Ivoire, après que l‘UA aura nommé un nouveau collège de commissaires.

    Au regard de ce qui précède, nous analyserons dans la suite de ce document une partie des choix politiques qui sous-tendent les questions apparemment techniques du financement du développement et de la coopération UE-Afrique. Nous commencerons par envisager les possibilités d‘adaptation de la politique et de la pratique de l‘action extérieure de l‘UE aux défis contemporains, au travers notamment du réexamen des instruments financiers de l‘UE. Notre attention se portera ensuite sur le cinquième sommet UE-Afrique, qui sera l’occasion de faire avancer les priorités européennes et africaines en matière de migrations, de paix, de sécurité et de problèmes liés à la jeunesse. En troisième lieu, nous examinerons les efforts qui sont entrepris afin d’assurer une plus grande autonomie financière de l‘UA ainsi que leur capacité à concrétiser les promesses de l‘Agenda 2063, la vision d’avenir de l’UA. Enfin, nous creuserons la question du financement du développement afin d’étudier les synergies et les défis qui entourent la mobilisation de nouvelles ressources publiques et privées. Pour illustrer notre propos, nous aborderons des questions-clés liées à la promotion d‘une agriculture durable en Afrique, y compris au niveau de l’établissement d’un lien entre sécurité alimentaire et financement du climat.

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