Financements et mise en œuvre des stratégies Sahel - Première partie

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Mise à jour sur le financement et la mise en œuvre des stratégies existantes pour le Sahel, sur la base de sources ouvertes. Ce blog est l’avant-dernier de notre série de 5 blogs sur les stratégies Sahel. Dans les deux derniers blogs, nous procédons à une rapide mise à jour sur les financements et la mise en œuvre des stratégies existantes pour le Sahel, sur la base de sources ouvertes. 

Cette page est également disponible en Anglais.

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      Le défi de retracer et suivre les flux de l’aide n’a rien de nouveau et ce qui suit est surtout une tentative visant à localiser des informations disponibles dans le domaine public. A ceux qui suivent la dynamique régionale du Sahel, nous suggérons de surveiller en particulier quatre facteurs déterminant les tendances du financement régional pour le développement, la sécurité et la gouvernance :

      • Les volumes de financement annoncés publiquement depuis 2012 et réellement disponibles pour la région.

      • L’origine des fonds.

      • Les principales destinations de ces fonds et les secteurs prioritaires d’intervention.

      • La part des fonds respectivement consacrés à la mise en œuvre au niveau national et au niveau régional.

      Notre première comparaison des stratégies montre que toutes ne mentionnent pas leurs ressources financières. Il existe deux types de stratégies: celles qui sont liées à des financements (Banque mondiale, Banque africaine de développement, l’Union européenne) et des capacités de mise en œuvre; et celles qui sont pour la plupart des cadres de politiques sans financement associé, mais disposant d’une légitimité régionale et politique (Union africaine, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, G5, l’Organisation des Nations Unies).

      Cette diversité a de sérieuses implications pour les relations entre les différents intervenants dans le Sahel. Certaines organisations ont des fonds tandis que d’autres n’en ont pas, ce qui crée des asymétries de pouvoir entre elles. Toutefois, ceux qui seront en mesure de fournir des fonds chercheront également des complémentarités avec ceux qui détiennent la légitimité politique qui leur manque.

      Pour compenser asymétries et malentendus, plus de clarté sur les fonds disponibles de tous les partenaires financiers et les intervenants permettrait d’éclairer les discussions sur la coordination régionale et internationale. Il y a déjà des signes encourageants de la part de certains pays. Le gouvernement malien a, paraît-il, l’intention de développer une plate-forme Web qui fournirait une vue d’ensemble des fonds engagés depuis la conférence des donateurs de 2013 à Bruxelles. La France a une page internet qui permet de suivre les projets de sa coopération au développement au Mali. Cependant, il manque encore une vue d’ensemble des fonds disponibles pour la région. Idéalement, un portail d’information efficace et bien géré – un besoin rarement satisfait dans l’histoire de l’aide – apporterait plus de transparence.

      Les fonds disponibles: combien pour le Sahel ?

      Qui sont les principaux bailleurs de fonds qui ont annoncé des contributions pour le Sahel ? Les plus importants engagements publics pris en 2013 viennent de la Banque Africaine de Développement (BAfD), de la Banque Mondiale et de l’UE et pourraient s’élever à 10-12 milliards de dollars sur une période allant jusqu’à sept ans.

      L’UE a engagé 5 milliards d’euros pour le Sahel (environ 6,8 milliards de dollars US) provenant du Fonds européen de développement (FED) pour la période 2014-2020 et d’autres instruments (régional, thématique, BEI, etc.) La première phase de programmation des fonds FED est assez avancée. La Banque mondiale (et le IFC) ont promis 1,5 milliards de dollars US. La BAfD a promis 4 milliards de dollars US pour la région en novembre 2103, dont 2 milliards de dollars ont déjà été engagés dans le cadre des programmes en cours (des sources officieuses parlent de fonds disponibles initialement affectés à d’autres régions qui seront orientés vers le Sahel). La BAfD a aussi annoncé la création d’un Fonds d’action Sahel administré par la Banque et qui recevra les contributions des bailleurs de fonds. Cependant, il y a encore peu d’informations disponibles publiquement à ce sujet et les calendriers de dépenses sont rarement précisés par les bailleurs.

      A ces promesses majeures s’ajoutent des sommes significatives envisagées par d’autres bailleurs – dont les échéanciers de dépenses ne sont pas explicites  – ce qui brouille encore la connaissance de l’ensemble des fonds pour la région.

      A titre d’exemple la France s’est engagée à hauteur de 280 millions d’euros rien qu’au au Mali en 2013-2014, mais une vue d’ensemble de ses engagements dans la région n’est pas disponible. Le Royaume-Uni a publié des données sur son action humanitaire dans le Sahel, projetée à plus de 103 millions de pounds pour 2012 à 2014. Les États-Unis ont fourni 205,2 millions de dollars d’aide humanitaire en 2014 pour faire face à l’insécurité alimentaire et d’autres urgences dans le Sahel, mais ce montant ne comprend pas les autres actions américaines de développement ou de réponse aux crises). Certains ont des programmes régionaux spécifiques comme le Danemark depuis 2013 avec son programme de 5 ans pour la stabilisation et la paix de 17 millions d’euros.

      D’autres programmes sont déjà en cours  – par exemple les chiffres de la Banque mondiale n’incluent pas les programmes multi-pays et nationaux. Les budgets des pays de la région servent aussi à promouvoir le travail régional d’une manière ou d’une autre (voir notre blog sur les modes d’action régionale dans le Sahel). Les agences onusiennes n’ont pas de ressources propres et mobilisent celles d’autres organismes donateurs. Enfin, les ressources des pays du Sahel, financières mais aussi humaines, sont également mobilisées, bien qu’elles n’apparaissent dans aucun calcul disponible.

      Tout ce qui précède montre la multiplicité des fonds disponibles pour la région, en sus des montants annoncés en novembre 2013.

      Notre prochain blog sur les stratégies Sahel se penchera sur leur mise en œuvre et la façon dont elles devront être suivies et évaluées.

      Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs et non une position officielle de l’ECDPM.

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